Rien ne me prédestinait à devenir producteur. Mes études m'ont amené à devenir ingénieur de l'aéronautique en 1963. C’est dans cette période que tout bascule : effectuant mon service militaire sur la base aérienne de Creil, je fonde là bas, "L’estafette". Il s’agit de mon premier contact avec le journalisme. Dégagé de mes obligations militaires, j’intègre le journal parlé de France Inter.
À la suite des évènements de mai 68, je fonde avec quelques confrères licenciés de l'ORTF le mensuel "Le fait public". Plus tard j’ai dirigé l'agence "France-Match" (agence de presse photographique du groupe "Paris-Match").
En 1976 je fais mes premières armes à la télévision sur Antenne 2 en produisant et animant aux côtés de Brigitte Bardot l'émission "Au pied du mur". Et c'est à cette même période que, sollicité par des amis comédiens, je fonde l'agence artistique Cinéart que je dirigerai jusqu'en 1986. Je deviens l'agent de Richard Berry, Laurent Malet, Stéfane Audran, Jean Marais, Michel Serrault, Annie Girardot, Carole Bouquet, Patrice Leconte, Michel Blanc, Claude Chabrol, Didier Decoin, Gilles Béhat, Jean Herman alias Jean Vautrier… Je m'implique dans de nombreux projets auprès de producteurs comme Alexandre Mnouchkine ou Christian Fechner… Je cède Cinéart en 1986 pour devenir producteur. A ce jour J'ai produit 6 longs métrages et plus de 110 films pour la télévision.
Définition du métier de producteur
Produire un film ne se restreint pas à le financer. Il s'agit même là de la partie la plus ingrate de la production au sens où je l'entends. Produire c'est créer, rassembler des talents autour d'une idée, mettre les moyens financiers au service d'une œuvre. Produire, c'est croire intensément à un projet et le porter à bout de bras. Produire, c'est avoir envie d’une histoire et faire partager cette même envie au scénariste, au réalisateur, aux comédiens et à tous les techniciens. Un producteur est donc, un créateur, un fédérateur de talents.
Pourquoi la télévision ?
J'ai toujours considéré que télévision et cinéma étaient semblables, seuls les supports de diffusion divergent. Les sujets qui m'attirent sont les grandes fresques historiques, les destins des hommes et des femmes célèbres. Les sujets contemporains de société, donner à voir, à distraire et à savoir.
Les aspects les plus appréciés ?
Le réel bonheur en production est que l'on ne se répète jamais. C’est à chaque fois une nouvelle aventure qui va mobiliser dans la moyenne des cas, près de 100 personnes.
Origine de votre société de production.
Septembre Productions est née en 1985. J'étais alors l'agent d’un jeune réalisateur sorti de l’IDHEC : Gérard Krawczyk qui m'avait parlé d'un roman américain de Ben Hecht. Il voulait le porter à l’écran. Intéressé par ce projet, j’ai décidé de céder mon agence pour devenir producteur. « Je hais les acteurs » a réuni une distribution prestigieuse ( Jean Poiret, Michel Blanc, Bernard Blier, Patrick Floersheim, Michel Galabru, Pauline Lafont, Dominique Lavanant, Sophie Duez, Guy Marchand, Wojtek Pszoniak, Jean-François Stévenin, Claude Chabrol, Alexandre Mnouchkine, Gérard Depardieu…) ce fut mon premier film. Il a reçu le prix Michel Audiard du cinéma.
J'ai ensuite produit "De sable et de sang", premier long métrage de Jeanne Labrune, sélectionné à "un certain regard" au festival de Cannes 1988.
À la télévision j’ai commencé par produire "Léon Morin prêtre" avec Robin Renucci et Nicole Garcia en 1990, réalisé par Pierre Boutron ce fut le premier film de la « Grande collection » de 30 films, tirés de romans ayant déjà inspiré le cinéma.
J'ai écris trois livres. Le premier, "Simon et Marie" (Michel Lafon), raconte l'histoire de mes parents, préfacé par Didier Decoin. Le second, "Les vengeurs", préfacé par Robert Badinter (Fayard) rapproche deux histoires fortes et vraies: celle d'Herschel Grynszspan et celle de Samuel Schwarzbard, deux héros. Et « Crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus » (éditions du Seuil) préfacé par Boris Cyrulnik.